Publié le 15 mars 2024

La démotivation de votre ado au Cégep n’est probablement pas de la paresse, mais le symptôme d’un désalignement plus profond (anxiété, mauvaise orientation, méthode de travail inadaptée).

  • Identifiez les signes d’anxiété avant de parler de notes, car le stress est souvent la cause première des difficultés.
  • Explorez avec lui les ressources d’aide gratuites du Cégep (API, centre d’aide) avant de penser au tutorat privé.

Recommandation : Adoptez une posture d’enquêteur bienveillant plutôt que de juge. Votre rôle est de l’aider à comprendre la source du blocage pour construire, avec lui, un plan B réaliste et dédramatisé.

La phrase tombe au milieu du souper, ou tard un soir dans la cuisine : « Je pense que je vais lâcher le Cégep ». Pour un parent, ces quelques mots peuvent déclencher une vague d’inquiétude, de frustration, voire de panique. La première réaction est souvent de vouloir convaincre, argumenter sur l’importance du diplôme, ou de pointer du doigt un manque d’efforts. On brandit la menace d’un avenir incertain, on compare avec les autres, on met la pression. Pourtant, ces réflexes, bien que compréhensibles, sont souvent contre-productifs.

Et si la véritable clé n’était pas de « motiver » à tout prix, mais de comprendre ce qui se cache réellement derrière cette envie d’abandon ? La transition du secondaire au collégial est un véritable choc culturel. L’encadrement disparaît, l’autonomie devient la norme et la pression de la performance, incarnée par la fameuse cote R, s’intensifie. Cette baisse de motivation soudaine est rarement un signe de paresse. C’est plus souvent le symptôme d’une anxiété grandissante, d’un doute sur son orientation ou d’un sentiment d’être complètement dépassé par des méthodes de travail qui ne sont plus adaptées.

Cet article vous propose de changer de posture : passer de celle du parent inquiet qui pousse, à celle de l’enquêteur bienveillant qui accompagne. Nous n’allons pas vous donner de formules magiques pour forcer votre jeune à rester sur les bancs d’école. Nous allons plutôt vous fournir des clés de lecture et des outils concrets, propres à la réalité québécoise, pour décoder la situation, ouvrir un dialogue constructif et explorer ensemble les différentes avenues. Car aider son ado, ce n’est pas lui tracer une route, c’est lui apprendre à lire la carte de ses propres possibilités.

Pourquoi une baisse de notes soudaine cache souvent un problème d’anxiété et non de paresse ?

Avant même d’aborder le bulletin, la première piste à explorer est celle de la santé mentale. Le passage au Cégep coïncide avec une période de grands bouleversements personnels et une augmentation significative du stress. Les chiffres sont d’ailleurs frappants : près d’un étudiant au cégep ou à l’université au Québec sur deux était à risque de présenter un épisode dépressif majeur, selon une enquête de l’Observatoire sur la santé mentale étudiante. Cette détresse est souvent invisible et se manifeste par des symptômes que l’on interprète à tort comme de la paresse ou un manque de volonté.

Ce que les parents doivent comprendre, c’est le « choc d’autonomie ». Au secondaire, l’enseignant est un « ange tutélaire » qui encadre et rappelle les échéances. Au Cégep, comme le souligne une analyse sur la transition collégiale, le professeur adopte une relation plus égalitaire et professionnelle, partant du principe que l’étudiant est autonome. Pour un jeune qui n’a pas encore développé ses propres méthodes d’organisation, ce changement peut être vertigineux et créer un sentiment de perte de contrôle, source majeure d’anxiété. Cette anxiété paralyse et empêche d’agir, ce qui mène aux mauvais résultats, et non l’inverse.

En tant que parent-enquêteur, votre premier rôle est donc de chercher les signes avant-coureurs de l’anxiété, qui sont souvent plus parlants qu’une note d’échec :

  • Difficultés de sommeil : des difficultés à s’endormir, un sommeil agité ou des réveils fréquents.
  • Évitement : un refus d’aller au cégep, d’assister à certains cours ou de participer à des activités sociales qu’il aimait avant.
  • Perte d’intérêt : un désintérêt pour voir ses amis, pour ses loisirs ou les activités parascolaires.
  • Symptômes physiques : des maux de ventre ou de tête récurrents, des tensions musculaires inexpliquées.
  • Changements comportementaux : des modifications dans les habitudes alimentaires ou un isolement social croissant.

Reconnaître ces symptômes permet de changer la nature de la conversation : au lieu de « Pourquoi tes notes baissent ? », on peut demander « Comment te sens-tu en ce moment ? Je remarque que tu sembles plus fatigué. ».

Tutorat ou centre d’aide : quel soutien choisir pour remonter une note d’échec ?

Une fois la discussion ouverte sur le bien-être, il est temps d’explorer les solutions concrètes. Face à une note d’échec, le premier réflexe est souvent de penser au tutorat privé, une solution coûteuse et pas toujours adaptée. Le Cégep est un écosystème riche en ressources d’aide, la plupart gratuites, mais encore faut-il les connaître pour orienter son jeune vers la bonne porte. Chaque service a une mission précise, et comprendre leurs différences est essentiel pour un soutien efficace.

Conseiller API en discussion avec un étudiant dans un bureau accueillant de cégep

Par exemple, si votre ado se questionne sur son programme ou envisage de changer de voie, ce n’est pas un tuteur qu’il lui faut, mais un Aide Pédagogique Individuel (API). Ce conseiller est la personne-ressource pour toute la stratégie de son parcours scolaire. Il peut l’aider à ajuster son horaire, à choisir des cours d’été pour rattraper un retard ou à planifier une réorientation sans « perdre » sa session. Le tableau suivant résume les principales options disponibles pour vous aider à y voir plus clair.

Comparaison des services de soutien disponibles au Québec
Type de soutien Pour qui ? Coût Avantages
Centre d’aide du cégep Difficultés avec la matière Gratuit Intégré au cégep, pairs aidants
API (Aide Pédagogique Individuelle) Planification du parcours Gratuit Conseils stratégiques, changements de programme
Services psychosociaux Anxiété, problèmes personnels Gratuit Soutien professionnel en santé mentale
Tutorat privé Besoins spécifiques 25-60$/h Personnalisé, flexible
Alloprof Aide aux devoirs Gratuit Disponible en ligne, soirs et fins de semaine

Votre rôle n’est pas de prendre rendez-vous à sa place, mais de lui dire : « Savais-tu qu’il y a une personne au Cégep, un API, dont le travail est justement d’aider les étudiants qui doutent de leur programme ? ». Vous lui donnez l’information et le pouvoir d’agir.

Technique ou préuniversitaire : lequel offre les meilleures perspectives si on déteste le théorique ?

Parfois, le soutien académique ne suffit pas si le malaise est plus profond et lié au contenu même des études. Le système collégial québécois offre une bifurcation majeure : les programmes préuniversitaires, conçus comme un tremplin de deux ans vers l’université, et les programmes techniques, d’une durée de trois ans, qui mènent directement au marché du travail tout en permettant l’accès à l’université. Si votre jeune exprime un dégoût pour le « théorique », c’est un indice majeur qu’il est peut-être dans une voie qui ne correspond pas à son style d’apprentissage.

L’erreur classique est de dévaloriser la formation technique, la considérant comme une voie de garage ou une option « moins prestigieuse ». C’est une vision dépassée de la réalité du marché du travail et des parcours éducatifs. De nombreuses formations techniques offrent d’excellents taux de placement et des salaires compétitifs. De plus, les passerelles DEC-BAC sont de plus en plus nombreuses et permettent de faire reconnaître les acquis du technique à l’université, réduisant ainsi la durée des études universitaires.

L’exemple des passerelles DEC-BAC : la voie rapide vers l’université

Un excellent exemple est celui des finissants du DEC en Journalisme du Cégep de Jonquière. Grâce à une entente, ils peuvent compléter le Baccalauréat en Journalisme numérique de l’Université d’Ottawa en seulement deux ans au lieu de quatre. À leur admission, ils se voient reconnaître 60 crédits universitaires, soit la moitié du baccalauréat. Ce type de passerelle existe dans de nombreux domaines et prouve qu’un parcours technique peut être un raccourci intelligent vers des études supérieures, et non un détour.

Le choix ne doit pas se baser sur des préjugés, mais sur le profil de votre jeune. Est-ce quelqu’un qui a besoin de concret, de manipuler, de voir des résultats tangibles ? Ou est-il stimulé par les concepts abstraits et la recherche ? Discuter de ces deux voies sans hiérarchie est une étape fondamentale pour l’aider à trouver un parcours où il pourra enfin se sentir à sa place.

Poser la question « Préfères-tu apprendre en faisant ou en lisant ? » peut ouvrir une discussion bien plus productive que de se focaliser uniquement sur les débouchés futurs.

L’erreur de projeter ses propres ambitions qui pousse l’enfant au burnout

Le choix d’une orientation scolaire doit venir de l’adolescent. C’est une évidence facile à dire, mais difficile à appliquer pour un parent qui souhaite « le meilleur » pour son enfant. Souvent, sans même s’en rendre compte, nous projetons nos propres ambitions, nos propres peurs ou nos propres rêves déçus sur leur parcours. Cette pression, même bienveillante, peut être une source immense d’anxiété et mener directement à l’échec ou au burnout.

Parent en moment de réflexion regardant par la fenêtre avec photos de famille floues

L’un des symboles les plus forts de cette pression est la cote R. Pour beaucoup d’étudiants, la cote R devient le seul objectif, car elle est le critère de sélection pour les programmes universitaires contingentés (médecine, droit, etc.). Cette obsession de la performance, souvent alimentée par les attentes familiales, peut devenir paralysante. L’adolescent ne travaille plus pour apprendre ou par intérêt, mais par peur de décevoir. Il sent qu’il n’a pas le droit à l’erreur, ce qui transforme chaque examen en un référendum sur sa valeur et son avenir.

Dans ce contexte, il est vital de savoir prendre du recul et de laisser à l’adolescent l’espace pour respirer, et même pour « ne rien faire ». Cette idée peut sembler contre-intuitive, mais elle est essentielle, comme le rappelle un expert en santé des adolescents :

Les jeunes sont souvent minutés. Ils ont plein d’activités. C’est stressant. Le flânage, c’est essentiel à l’adolescence. Et je ne parle pas d’être sur son téléphone à regarder les médias sociaux. Je parle d’être dans un parc, entre amis, à ne rien faire.

– Dr Olivier Jamoulle, Pédiatre spécialisé en médecine des adolescents, CHU Sainte-Justine

Faire un pas de côté et dire « Ton bonheur est plus important que ta cote R. Explorons ce qui t’intéresse VRAIMENT » peut avoir un effet libérateur et redonner à votre jeune l’oxygène nécessaire pour se réengager.

Quand étudier pour les intras : la méthode des blocs pour ne pas faire de nuit blanche

Une fois la pression ambiante réduite et le dialogue rétabli, on peut s’attaquer à un problème très concret : la méthode de travail. Le « choc d’autonomie » du Cégep est avant tout un choc organisationnel. La charge de travail est bien plus importante qu’au secondaire. Il est essentiel de comprendre que chaque cours a une pondération qui indique la charge de travail attendue. Par exemple, une pondération de (3-2-3) signifie 3h de théorie, 2h de labo et, surtout, un minimum de 3 heures par semaine de travail personnel. Multiplié par 5 ou 6 cours, le compte est vite fait : une semaine de travail d’étudiant sérieux dépasse souvent les 40 heures.

Sans une méthode structurée, l’étudiant se retrouve vite submergé, repoussant le travail jusqu’à la veille des examens et se condamnant à des nuits blanches inefficaces. La clé est d’adopter une « architecture du succès » basée sur des blocs de travail planifiés. Il ne s’agit pas de travailler plus, mais de travailler mieux, en utilisant les moments « perdus » de la journée.

Plutôt que de rentrer à la maison dès qu’un cours est fini, il faut apprendre à voir le Cégep comme un lieu de travail. Les périodes creuses entre deux cours ne sont pas des pauses, mais des occasions en or pour avancer ses lectures, faire ses exercices ou revoir ses notes à la bibliothèque. La méthode des blocs, combinée à des techniques comme le Pomodoro, peut transformer radicalement l’efficacité.

Votre plan d’action : Aider votre ado à bâtir sa méthode de travail

  1. Identifier les blocs : Prenez son horaire de cours et repérez toutes les périodes « vides » de plus d’une heure. Ce sont ses futurs blocs de travail.
  2. Planifier à rebours : Pour chaque examen « intra », partez de la date et divisez la matière à étudier par le nombre de jours disponibles. Cela donne un objectif clair chaque jour.
  3. Adopter le Pomodoro : Suggérez-lui d’essayer de travailler par blocs de 25 minutes de concentration intense, suivis de 5 minutes de vraie pause (sans téléphone).
  4. Hiérarchiser le travail : Les blocs de travail au cégep sont pour l’apprentissage de matière nouvelle. Les soirées sont pour la révision légère et la détente, pas pour découvrir un chapitre.
  5. Choisir le lieu : Incitez-le à rester au Cégep pour travailler. La bibliothèque ou les salles d’étude créent un environnement propice à la concentration, loin des distractions de la maison.

L’objectif est de lui faire réaliser que la réussite au Cégep n’est pas une question d’intelligence, mais avant tout une question d’organisation et de discipline.

CPE ou garderie privée : quel choix pour la sérénité d’esprit des parents ?

Face à un jeune qui semble se noyer dans le grand bain du Cégep public, une question peut émerger : la structure est-elle la bonne ? Étonnamment, ce questionnement peut rappeler un dilemme que beaucoup de parents ont connu des années plus tôt : le choix entre un CPE et une garderie privée. D’un côté, une structure publique avec de grands groupes et une attente d’autonomie ; de l’autre, une structure privée souvent perçue comme offrant un encadrement plus serré et personnalisé, mais à un coût plus élevé.

La comparaison s’applique bien au monde collégial. Le Cégep public, gratuit et accessible, est un formidable environnement d’apprentissage pour un étudiant autonome. Cependant, pour un jeune qui a besoin d’un suivi plus proactif, la taille des classes et le modèle réactif (l’aide vient si on la demande) peuvent être un défi. Les collèges privés ou les services d’accompagnement privés mettent souvent l’accent sur des groupes plus restreints et un suivi plus systématique des étudiants. Le tableau suivant met en lumière ces différences fondamentales d’approche.

Cégep public vs privé : quel encadrement pour votre ado ?
Aspect Cégep public Cégep privé/Services privés
Encadrement Ressources intégrées mais autonomie requise Suivi plus personnalisé et proactif
Coût Gratuit (services inclus) Frais de scolarité + services
Taille des groupes Classes plus nombreuses Groupes plus restreints
Flexibilité Programmes diversifiés Approches pédagogiques spécialisées
Ressources d’aide API, centres d’aide, services psychosociaux Tutorat intégré, suivi serré

Il ne s’agit pas de dire qu’une option est meilleure que l’autre, mais de constater qu’elles répondent à des besoins différents. Pour un adolescent qui se sent perdu et invisible dans une grande structure, explorer l’option d’un environnement plus encadré peut être une discussion pertinente. Une excellente façon de se faire une idée est de profiter des journées Portes Ouvertes, même en cours d’année. Visiter un autre cégep, public ou privé, peut dédramatiser l’idée d’un changement et permettre à votre jeune de se projeter dans un environnement qui lui correspondrait peut-être mieux.

Le simple fait d’envisager d’autres options peut suffire à apaiser l’angoisse et à montrer à votre adolescent qu’il n’est pas dans une impasse.

L’erreur de vouloir tout faire seul qui mène à l’abandon après 3 mois

Quel que soit l’établissement, public ou privé, l’un des plus grands pièges du Cégep est l’isolement. L’horaire fragmenté, les groupes qui changent à chaque cours et la disparition de la « gang de classe » du secondaire peuvent rapidement créer un sentiment de solitude. Or, vouloir traverser cette épreuve seul est souvent une recette pour l’échec. Les statistiques sont éloquentes : plus d’une personne sur cinq qui commence sa première session ne se réinscrit pas à la seconde, selon une vaste étude québécoise. L’isolement est un facteur clé dans cette statistique.

La réussite au Cégep est autant sociale qu’académique. Créer des liens, former des groupes d’étude et oser interagir avec les professeurs sont des stratégies de survie essentielles. Un étudiant qui reste connecté au tissu social de son cégep est un étudiant qui a plus de chances de persévérer. Le témoignage d’un cégépien illustre parfaitement cette réalité :

Témoignage de Benjamin : L’interaction comme bouée de sauvetage

Étudiant au Cégep de Granby, Benjamin a trouvé les cours à distance particulièrement difficiles : « C’était vraiment dur de se motiver, de se concentrer, de se sentir impliqué. Mais j’essayais de participer le plus possible, d’interagir, de répondre quand le prof posait des questions. Et j’aimais rester connecté après le cours pour parler avec les profs. Comme pour avoir un semblant de vie normale. » Cette démarche proactive pour maintenir le lien, même virtuel, l’a aidé à ne pas décrocher.

Groupe d'étudiants collaborant à la bibliothèque du cégep

Encouragez votre jeune à faire le premier pas : suggérer à un collègue de classe de réviser ensemble avant un examen, poser une question au professeur à la fin du cours, ou simplement s’inscrire à une activité parascolaire. Ces petites actions brisent l’isolement et construisent un réseau de soutien qui peut faire toute la différence entre l’abandon et la réussite.

Le message à faire passer est simple : « Au Cégep, on est plus intelligent à plusieurs que tout seul. »

À retenir

  • Diagnostic avant traitement : Une baisse de notes est un symptôme. Cherchez la cause (anxiété, orientation, méthode) avant de proposer une solution (tutorat).
  • Parent-enquêteur, pas parent-juge : Votre rôle est d’écouter, de poser des questions ouvertes et d’explorer les options avec votre jeune, pas d’imposer une vision ou de projeter vos propres attentes.
  • Déconstruire les mythes : Une formation technique n’est pas un échec, et une pause dans les études n’est pas une « année perdue » si elle est planifiée et constructive.

Comment retourner aux études après 40 ans au Québec sans mettre ses finances en péril ?

Et si, malgré toutes les discussions et les stratégies mises en place, la décision de faire une pause semble inévitable ? Pour un parent, cette perspective peut être terrifiante, perçue comme un échec définitif, un saut dans le vide aussi engageant qu’une décision de retourner aux études à 40 ans. Pourtant, il est essentiel de dédramatiser. Une pause n’est pas forcément un abandon. Si elle est bien encadrée, elle peut devenir une « année sabbatique constructive », un temps précieux pour mûrir, explorer ses intérêts et revenir aux études plus motivé et avec une vision plus claire.

Une étude menée au Cégep de Granby a révélé que si plus de 40 % des étudiants avaient songé au décrochage, ceux qui prenaient une pause structurée avec des objectifs clairs revenaient souvent avec une meilleure orientation. L’idée n’est pas de laisser l’adolescent « ne rien faire » pendant un an, mais de co-construire avec lui un projet pour cette période de transition. Comme le suggère une conseillère d’orientation :

Si l’ado lâche, l’aider à planifier la suite pour que ce ne soit pas une année ‘perdue’. Travailler dans un domaine lié à ses intérêts, faire du bénévolat, suivre un cours à la fois comme étudiant libre pour explorer une voie sans la pression d’une session complète.

– Conseillère d’orientation, Guide de transition au collégial

Ce plan B peut prendre plusieurs formes : trouver un emploi (même à temps partiel), s’engager dans un projet de bénévolat aligné avec ses valeurs, suivre un ou deux cours comme étudiant libre pour goûter à un domaine sans l’engagement d’une session complète, ou encore partir voyager si les moyens le permettent. L’objectif est de rester actif, de continuer à apprendre sur soi et sur le monde, et de transformer cette pause en un tremplin plutôt qu’un fossé.

Accepter une pause, ce n’est pas baisser les bras. C’est faire confiance à son jeune et comprendre que parfois, le chemin le plus court vers la réussite passe par un détour réfléchi.

Rédigé par Isabelle Gagnon, Psychologue du travail et coach familiale membre de l'Ordre des psychologues du Québec. Elle intervient sur les enjeux de santé mentale, d'équilibre vie-travail et de dynamique familiale.