La clé pour amasser votre mise de fonds n’est pas la privation, mais la mise en place d’un système d’épargne automatisé qui travaille pour vous en arrière-plan.
- Automatisez vos virements vers un CELIAPP le jour de la paie pour rendre l’épargne non-négociable.
- Utilisez la stratégie « 50/30/20 » sur chaque augmentation de salaire pour contrer l’inflation du style de vie.
- Protégez votre épargne avec un fonds d’urgence distinct et sachez négocier votre valeur au travail.
Recommandation : L’action la plus impactante est de configurer dès aujourd’hui un virement automatique, même modeste, vers un compte d’épargne dédié à votre projet immobilier.
Chaque mois, le loyer augmente et le rêve de devenir propriétaire au Canada semble s’éloigner un peu plus. Vous voyez les prix de l’immobilier grimper et vous vous demandez comment il est possible d’amasser une mise de fonds de plusieurs dizaines de milliers de dollars avec un salaire moyen. La frustration est réelle, surtout quand on a l’impression de déjà faire des efforts pour bien gérer son argent. Les conseils habituels, comme « couper les cafés au restaurant » ou « faire un budget plus strict », atteignent vite leurs limites. Ils demandent une discipline de fer et procurent souvent plus de culpabilité que de résultats concrets.
Ces approches traditionnelles oublient un facteur essentiel : notre cerveau n’est pas conçu pour la privation constante. La volonté est une ressource limitée. Et si la véritable clé n’était pas de se battre contre ses envies, mais de construire un système financier si bien conçu qu’il épargne pour vous, sans même que vous ayez à y penser ? Un mécanisme où la bonne décision financière devient la décision par défaut, celle qui ne demande aucun effort. C’est le principe de l’épargne invisible et automatisée, une méthode qui transforme votre relation à l’argent.
Cet article n’est pas une énième liste de dépenses à couper. C’est un guide stratégique pour bâtir votre propre machine à épargner. Nous allons décomposer, étape par étape, comment utiliser la puissance du temps, automatiser vos finances pour « vous payer en premier », choisir les meilleurs outils fiscaux canadiens comme le CELIAPP, et même transformer vos augmentations de salaire en accélérateurs pour votre mise de fonds. L’objectif est simple : atteindre votre but en trois ans, non pas par la force de la volonté, mais par l’intelligence de votre système.
Pour vous guider à travers cette méthode, nous avons structuré ce guide en plusieurs étapes clés. Chaque section aborde un pilier fondamental de votre stratégie, des fondations psychologiques de l’épargne aux tactiques concrètes pour maximiser chaque dollar dans le contexte québécois et canadien.
Sommaire : Votre plan d’action pour devenir propriétaire en 3 ans
- Pourquoi commencer à épargner à 25 ans est 4x plus facile qu’à 40 ans ?
- Comment régler vos comptes pour « vous payer en premier » sans y penser ?
- CELIAPP ou REER pour le RAP : quel est le meilleur outil pour votre première maison ?
- L’erreur d’augmenter ses dépenses à chaque augmentation de salaire
- Quand piger dans son fonds d’urgence : les règles pour ne pas le vider pour rien
- Quand réviser votre fonds d’urgence : les 3 signaux économiques à surveiller
- Pourquoi le ‘coût de remplacement’ est votre meilleur argument face aux RH ?
- Comment protéger votre budget familial au Québec quand l’inflation dépasse les 4 % ?
Pourquoi commencer à épargner à 25 ans est 4x plus facile qu’à 40 ans ?
Le plus grand allié de l’épargnant n’est pas un salaire élevé, mais le temps. Commencer tôt ne rend pas seulement l’objectif plus atteignable, cela réduit drastiquement l’effort mensuel requis. Le défi est de taille : avec un prix moyen des propriétés qui frôle les sommets, amasser la mise de fonds minimale de 5% à 10% représente une somme considérable. Pour un bien immobilier dont le prix est de 690 195 $, comme le rapportent les dernières données de l’Association canadienne de l’immobilier, cela signifie qu’il faut accumuler plus de 34 500 $. Face à un tel montant, le découragement est une réaction normale.
C’est ici que la magie des intérêts composés et la puissance de la durée entrent en jeu. Le principe est simple : plus vous laissez votre argent travailler longtemps, plus il génère lui-même des rendements, créant un effet boule de neige. L’illustration ci-dessous montre clairement comment deux trajectoires d’épargne, démarrées à des âges différents, divergent de manière exponentielle. La courbe qui démarre plus tôt atteint des sommets bien plus élevés avec un effort initial moindre.

Ce n’est pas une simple théorie. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et démontrent l’impact direct de l’âge de départ sur le montant à épargner chaque mois pour atteindre un objectif commun. Un simple coup d’œil au tableau ci-dessous suffit pour comprendre l’urgence d’agir.
| Âge de départ | Montant mensuel à épargner | Durée d’épargne | Total épargné |
|---|---|---|---|
| 25 ans | 450 $ | 15 ans | 81 000 $ |
| 30 ans | 675 $ | 10 ans | 81 000 $ |
| 35 ans | 1 350 $ | 5 ans | 81 000 $ |
| 40 ans | 2 700 $ | 2,5 ans | 81 000 $ |
L’écart est saisissant : l’effort d’épargne mensuel nécessaire à 40 ans est six fois plus important qu’à 25 ans pour atteindre le même capital. Le message est clair : chaque année qui passe rend la montagne plus difficile à gravir. Mais que vous ayez 25, 30 ou 35 ans, le meilleur moment pour commencer, c’est aujourd’hui. Chaque mois compte.
Comment régler vos comptes pour « vous payer en premier » sans y penser ?
Le concept de « se payer en premier » est le pilier de toute stratégie d’épargne réussie. Il inverse la logique habituelle : au lieu d’épargner ce qui reste à la fin du mois, vous mettez de l’argent de côté dès que votre paie arrive. Le problème ? S’en souvenir et le faire manuellement demande de la discipline. La solution est de rendre ce processus totalement invisible et automatique. Il s’agit de construire une **architecture de choix** dans vos finances personnelles où l’épargne n’est plus une option, mais une étape intégrée et non-négociable du flux de votre argent.
L’automatisation est votre meilleure alliée pour contrer la procrastination et les tentations. En mettant en place des virements automatiques, vous retirez la décision d’épargner de l’équation. L’argent est transféré vers votre compte d’épargne-projet avant même que vous ayez la chance de le dépenser. C’est une forme **d’inertie financière positive** : une fois le système en place, il travaille pour vous sans aucune intervention de votre part. Votre seul travail est de le configurer une seule fois. Voici comment procéder méthodiquement :
- Ouvrir un compte dédié : La première étape est psychologique. Ouvrez un compte d’épargne à intérêt élevé, idéalement un CELIAPP, qui sera exclusivement réservé à votre mise de fonds. Donnez-lui un nom motivant comme « Projet Première Maison ».
- Configurer le virement automatique : Programmez un virement automatique de votre compte-chèques vers ce nouveau compte. La date est cruciale : le virement doit avoir lieu le lendemain du jour de votre paie.
- Commencer et progresser : Débutez avec un montant réaliste, par exemple 10% de votre salaire net. L’astuce est de programmer une augmentation automatique de ce virement de 1% tous les six mois. Vous vous habituerez sans douleur à cet effort croissant.
- Activer l’arrondi automatique : De nombreuses banques et applications fintech canadiennes proposent d’arrondir chaque achat par carte à l’euro, 2, 5 ou 10 dollars supérieurs et de transférer la différence vers votre compte d’épargne. C’est de l’épargne par micro-montants, totalement indolore.
- Canaliser les rentrées imprévues : Prenez la décision en amont de diriger systématiquement tout bonus, remboursement d’impôt ou autre rentrée d’argent inattendue directement sur ce compte dédié.
En adoptant cette méthode, vous ne comptez plus sur votre volonté. Vous vous appuyez sur un système qui garantit que votre objectif le plus important, votre mise de fonds, est financé en priorité, mois après mois.
CELIAPP ou REER pour le RAP : quel est le meilleur outil pour votre première maison ?
Une fois votre système d’épargne automatisé en place, la question suivante est : où diriger cet argent pour maximiser sa croissance et bénéficier des avantages fiscaux ? Au Canada, deux véhicules principaux se démarquent pour l’achat d’une première propriété : le nouveau Compte d’Épargne Libre d’Impôt pour l’Achat d’une Première Propriété (CELIAPP) et le Régime d’Accession à la Propriété (RAP) via un Régime Enregistré d’Épargne-Retraite (REER). Comprendre leurs différences est essentiel pour faire le bon choix.
Le **CELIAPP** est souvent décrit comme le meilleur des deux mondes. Il combine l’avantage du REER (les cotisations sont déductibles de votre revenu imposable) et celui du CELI (les retraits pour l’achat d’une maison, incluant les rendements, sont non-imposables). Son principal atout est sa simplicité : l’argent retiré n’a jamais besoin d’être remboursé. Le **RAP**, quant à lui, vous permet de « vous emprunter » jusqu’à 60 000 $ de vos REER sans impact fiscal immédiat. Cependant, vous êtes tenu de rembourser ce montant dans vos REER sur une période de 15 ans. Le choix n’est pas toujours évident et dépend de votre situation financière et de vos objectifs à long terme.
Le tableau suivant met en lumière les caractéristiques clés de chaque régime pour vous aider à visualiser leurs différences fondamentales.
| Critère | CELIAPP | RAP (REER) |
|---|---|---|
| Plafond annuel | 8 000 $ | Selon droits REER |
| Plafond à vie | 40 000 $ | 60 000 $ |
| Remboursement requis | Non | Oui, sur 15 ans |
| Déduction fiscale | Oui | Oui |
| Retrait libre d’impôt | Oui | Oui (si remboursé) |
| Combinable | Oui | Oui |
L’avantage fiscal du REER est particulièrement intéressant pour les personnes ayant un revenu plus élevé, car la déduction d’impôt est plus substantielle. Par exemple, comme le souligne Desjardins, cela peut représenter jusqu’à 2 680 $ de remboursement d’impôt pour une cotisation de 8 000 $ avec un salaire de 65 000 $ au Québec. Cependant, pour la plupart des jeunes qui épargnent pour une première maison, la flexibilité du CELIAPP et l’absence de contrainte de remboursement en font généralement le véhicule à privilégier. La bonne nouvelle ? Il est tout à fait possible de combiner les deux pour maximiser votre mise de fonds.
L’erreur d’augmenter ses dépenses à chaque augmentation de salaire
Vous avez travaillé fort, négocié une augmentation ou obtenu une promotion. La première réaction est souvent de vouloir améliorer son quotidien : une nouvelle voiture, des sorties plus fréquentes, un logement plus grand. C’est ce qu’on appelle **l’inflation du style de vie**. C’est le piège financier le plus courant qui empêche des milliers de Canadiens d’atteindre leurs objectifs d’épargne. Au lieu d’accélérer vers l’achat de votre maison, vous restez sur place, car vos dépenses augmentent au même rythme que vos revenus.
Le secret pour déjouer ce piège est d’avoir un plan *avant* de recevoir l’augmentation. Au lieu de laisser ce nouveau revenu se diluer dans vos dépenses quotidiennes, vous devez le capturer et le diriger intentionnellement vers votre objectif. L’idée n’est pas de ne pas vous faire plaisir, mais de le faire de manière contrôlée et consciente. Il s’agit de trouver un équilibre entre l’amélioration de votre présent et la construction de votre futur.

Pour cela, une règle simple et incroyablement efficace est la règle du « 50/30/20 » appliquée à votre augmentation *nette* (après impôts). Elle vous donne un cadre clair pour allouer chaque nouveau dollar qui entre dans votre budget.
- 50% de l’augmentation → Épargne-projet : La moitié de ce nouveau revenu doit être immédiatement dirigée vers votre CELIAPP ou REER. C’est la part la plus importante qui va directement accélérer l’atteinte de votre mise de fonds.
- 30% → Stabilité financière : Utilisez cette portion pour renforcer votre santé financière globale. Cela peut signifier accélérer le remboursement de dettes (prêt étudiant, solde de carte de crédit) ou augmenter votre fonds d’urgence.
- 20% → Amélioration du style de vie : Voici votre récompense ! Cette part est celle que vous pouvez utiliser pour augmenter votre budget de sorties, de vacances ou d’achats personnels.
La clé est d’agir dès la confirmation de l’augmentation. Modifiez immédiatement le montant de votre virement automatique programmé. En pré-décidant de l’allocation de cet argent, vous évitez la tentation de le dépenser entièrement et transformez chaque augmentation de salaire en un puissant levier pour votre projet.
Quand piger dans son fonds d’urgence : les règles pour ne pas le vider pour rien
Votre système d’épargne pour la mise de fonds fonctionne à plein régime, et le solde de votre CELIAPP augmente chaque mois. C’est motivant ! Mais un imprévu survient : la voiture tombe en panne, une dépense médicale inattendue se présente. La tentation est grande de piger dans cette belle somme que vous avez mis tant d’efforts à accumuler. C’est une erreur critique. Votre épargne-projet doit être sanctuarisée. Le véritable gardien de votre projet immobilier est une autre entité financière : le **fonds d’urgence**.
Le fonds d’urgence est un compte d’épargne distinct, liquide et facilement accessible, dont l’unique but est de couvrir les véritables coups durs de la vie. Il agit comme un pare-feu financier, empêchant un imprévu de faire dérailler vos objectifs à long terme. Sans lui, le moindre pépin vous force à liquider vos placements, à annuler vos progrès et à retarder votre rêve de devenir propriétaire. La règle d’or est simple : **on ne touche jamais à l’épargne-projet pour une urgence**, et on ne touche jamais au fonds d’urgence pour un projet.
La clé est de définir clairement ce qui constitue une « vraie » urgence. Des vacances de dernière minute ou les soldes du Vendredi Fou n’en sont pas. Les vraies urgences sont les événements soudains et nécessaires qui menacent votre sécurité ou votre capacité à gagner un revenu. L’expérience d’un couple montréalais illustre parfaitement ce principe.
Étude de Cas : La protection du capital de la mise de fonds
Un couple de Montréal avait réussi à épargner 45 000 $ dans leurs comptes dédiés pour leur mise de fonds. Lorsqu’ils ont fait face à une réparation automobile imprévue de 3 000 $ essentielle pour se rendre au travail, leur réflexe aurait pu être de retirer l’argent de leur CELIAPP. Cependant, ils avaient mis en place un fonds d’urgence séparé de 10 000 $. En utilisant ce fonds, ils ont pu régler la réparation sans toucher à leur capital-projet. Le résultat ? Ils ont évité de retarder leur projet d’achat de plusieurs mois et, surtout, ont préservé les droits de cotisation et les avantages fiscaux de leurs comptes enregistrés.
Ce cas démontre l’importance cruciale de cette séparation. Le fonds d’urgence n’est pas de l’argent qui « dort », c’est de l’argent qui travaille en protégeant activement vos autres investissements et vos projets de vie. Maintenir cette discipline est ce qui différencie ceux qui atteignent leur but de ceux qui sont constamment ramenés à la case départ.
Quand réviser votre fonds d’urgence : les 3 signaux économiques à surveiller
Avoir un fonds d’urgence est une chose, s’assurer qu’il reste adéquat en est une autre. Un montant qui était suffisant il y a deux ans peut s’avérer dangereusement bas dans le contexte économique actuel. L’inflation, la hausse des taux d’intérêt et l’instabilité de certains secteurs d’emploi sont des signaux qui doivent vous pousser à réévaluer ce filet de sécurité. Ignorer ces signaux, c’est laisser une brèche dans le mur qui protège votre épargne-maison.
Le montant cible d’un fonds d’urgence, généralement **entre 3 et 6 mois de dépenses essentielles**, n’est pas statique. Vos dépenses évoluent, et le coût de la vie aussi. Une hausse du taux directeur de la Banque du Canada, par exemple, a un impact direct et quantifiable sur le coût des emprunts. Même si vous n’êtes pas encore propriétaire, cela influence le coût du crédit à la consommation et donne une indication sur les futurs paiements hypothécaires. Par exemple, une simple variation de 0,25% peut représenter plus de 13,27 $ de plus par mois pour chaque tranche de 100 000 $ d’hypothèque. C’est un indicateur que le coût global de la vie est en tension.
Pour ne pas vous laisser surprendre, il faut instaurer une routine de révision de votre fonds d’urgence. Au lieu d’attendre une crise, soyez proactif. Mettre en place un audit trimestriel ou semestriel de votre situation vous permet d’ajuster le tir et de garantir que votre protection est toujours à la hauteur des risques. Voici les points essentiels à vérifier pour vous assurer que votre fonds d’urgence est toujours pertinent.
Votre plan d’action pour l’audit du fonds d’urgence
- Analyser les signaux macroéconomiques : Surveillez le taux directeur de la Banque du Canada et le taux d’inflation officiel. Si l’inflation dépasse durablement les 3-4%, c’est un signe que votre pouvoir d’achat diminue et que le montant de votre fonds doit être revu à la hausse.
- Recalculer vos dépenses réelles : Ne vous fiez pas à un vieux budget. Additionnez vos dépenses essentielles (logement, transport, nourriture, assurances) des trois derniers mois et faites la moyenne. Comparez ce chiffre à celui d’il y a six mois. L’écart représente l’érosion due à l’inflation.
- Évaluer la stabilité de votre emploi : Soyez honnête sur la santé de votre secteur d’activité. Y a-t-il des vagues de licenciements ? Votre emploi est-il stable ? Si le risque augmente, visez plutôt 6 mois de dépenses que 3.
- Ajuster votre objectif d’épargne : Si votre calcul montre que votre fonds d’urgence est désormais trop bas (par exemple, il ne couvre plus que 2,5 mois de vos nouvelles dépenses), ajustez votre objectif et mettez en place un virement automatique spécifique pour le renflouer.
- Réviser après chaque changement de vie : Un mariage, un enfant, un changement de carrière sont des événements qui modifient radicalement votre structure de dépenses. Chaque fois, votre fonds d’urgence doit être le premier point à réviser.
Cette discipline de révision transforme votre fonds d’urgence d’un simple montant fixe à un outil de gestion des risques dynamique et adapté à votre réalité.
Pourquoi le ‘coût de remplacement’ est votre meilleur argument face aux RH ?
Jusqu’à présent, nous avons abordé les stratégies « défensives » : optimiser l’épargne et protéger son capital. Mais la manière la plus rapide d’atteindre votre objectif de mise de fonds est d’adopter une stratégie « offensive » : augmenter vos revenus. Négocier votre salaire est une compétence cruciale, et l’un des arguments les plus puissants que vous puissiez utiliser est celui du **coût de remplacement**.
Les départements des Ressources Humaines ne pensent pas en termes de « justice » salariale, mais en termes de coûts et de risques. Perdre un employé compétent et formé coûte extrêmement cher à une entreprise. Cet argument change la nature de la discussion : vous ne demandez pas une faveur, vous proposez une solution mutuellement avantageuse. Vous leur offrez la stabilité et l’assurance de votre loyauté, ce qui leur évite des coûts bien plus élevés. L’autorité en la matière, Robert Half, le chiffre précisément.
Le coût de remplacement d’un employé est estimé entre 50% et 150% du salaire annuel, incluant le recrutement, la formation et la perte de productivité.
– Étude Robert Half Canada, Guide salarial 2024
Concrètement, pour un salaire de 60 000 $, votre départ pourrait coûter à votre entreprise entre 30 000 $ et 90 000 $. Une augmentation de 5 000 $ pour vous garder est, de leur point de vue, une excellente affaire. L’astuce est de présenter votre demande non pas comme une menace de départ, mais comme une affirmation de votre engagement, conditionné par une reconnaissance juste de votre valeur.
Étude de Cas : Négociation réussie basée sur l’ancrage immobilier
Un analyste financier à Toronto, qui préparait son projet d’achat immobilier, a utilisé cette stratégie avec brio. Lors de sa négociation annuelle, il n’a pas seulement listé ses succès. Il a expliqué qu’il était activement en train de s’ancrer dans la région avec un projet d’achat de propriété et qu’il souhaitait construire sa carrière à long terme au sein de l’entreprise. Il a subtilement mentionné que pour concrétiser ce projet, une révision de son salaire était nécessaire pour s’aligner sur le marché. En démontrant que son projet d’achat garantissait sa stabilité géographique pour les 5 prochaines années, il a transformé sa demande en un investissement pour l’entreprise. Il a obtenu une augmentation de 15%, car l’entreprise a compris qu’elle économisait des coûts de remplacement estimés à plus de 75 000 $.
Cette approche est puissante car elle vous positionne comme un partenaire stratégique. Vous ne parlez plus seulement de vos besoins, mais aussi des leurs. En liant votre projet de vie (l’achat d’une maison) à votre stabilité professionnelle, vous donnez à votre employeur une raison économique et rationnelle de vous accorder l’augmentation qui accélérera considérablement votre mise de fonds.
À retenir
- L’automatisation bat la discipline : Mettre en place un système d’épargne invisible via des virements automatiques est plus fiable que de compter sur sa seule volonté.
- Le CELIAPP est votre outil n°1 : Pour la plupart des primo-accédants au Canada, la combinaison de déduction fiscale et de retrait non imposable sans obligation de remboursement fait du CELIAPP le véhicule à privilégier.
- Capturez vos augmentations : La règle 50/30/20 appliquée à chaque augmentation de salaire est la meilleure défense contre l’inflation du style de vie et le plus grand accélérateur de votre épargne.
Comment protéger votre budget familial au Québec quand l’inflation dépasse les 4 % ?
Mettre en place un système d’épargne robuste est essentiel, mais il doit pouvoir résister à l’épreuve de la réalité économique, notamment à une inflation élevée. Quand le coût de la vie augmente de plus de 4% par an, chaque dollar perd de sa valeur. Pour un ménage québécois moyen, cela se traduit par une pression accrue sur le budget, rendant l’objectif de la mise de fonds encore plus difficile à atteindre. Pourtant, cette pression ne freine pas le désir d’accession à la propriété. Au contraire, le marché reste dynamique, avec une hausse de 13,9% des ventes enregistrées par le Registre foncier du Québec, ce qui maintient la pression sur les prix.
Dans ce contexte, la protection de votre budget ne passe plus par des coupes drastiques, mais par une **optimisation chirurgicale** de vos dépenses, en tirant parti des spécificités québécoises. Votre système d’épargne automatisé doit être alimenté par des économies intelligentes réalisées sur les plus grands postes de dépenses. Il ne s’agit pas de se priver, mais de dépenser mieux. Par exemple, au lieu de simplement baisser le chauffage, utiliser les programmes de tarification dynamique d’Hydro-Québec peut générer des économies substantielles sans sacrifier le confort.
La technologie et les outils financiers locaux deviennent vos meilleurs alliés pour traquer les économies et les rediriger instantanément vers votre objectif. L’argent économisé sur l’épicerie ou sur une facture ne doit pas disparaître dans les dépenses courantes ; il doit être activement transféré vers votre CELIAPP. Voici quelques stratégies concrètes et spécifiques au Québec pour renforcer votre capacité d’épargne en période d’inflation.
- Optimisez votre facture d’Hydro-Québec : Adhérez aux offres de tarification dynamique comme le crédit hivernal ou la Tarification Flex D, qui vous récompensent pour avoir déplacé votre consommation hors des périodes de pointe.
- Devenez un expert des circulaires numériques : Utilisez des applications comme Flipp pour comparer les spéciaux des grandes bannières (Metro, IGA, Super C, Maxi) et planifier vos repas en fonction des rabais. L’économie sur l’épicerie peut facilement atteindre 15-20% par mois.
- Maximisez les aides gouvernementales : Assurez-vous de recevoir toutes les sommes auxquelles vous avez droit, comme l’Allocation famille de Retraite Québec et les crédits d’impôt provinciaux (crédit pour la solidarité, etc.). Ces montants doivent être considérés comme un bonus à verser directement dans votre épargne.
- Considérez des placements sécuritaires et performants : Pour la portion de votre épargne qui a un horizon de 3 ans, les CPG (Certificats de Placement Garanti) à taux progressif, offerts par des institutions comme Desjardins, peuvent offrir un rendement supérieur à un compte d’épargne traditionnel tout en protégeant votre capital.
En combinant un système d’épargne automatisé avec une optimisation rigoureuse de vos dépenses, vous construisez une forteresse financière capable de résister à l’inflation et de vous propulser vers votre objectif de devenir propriétaire.
L’étape suivante est de transformer ce plan en action. Analysez votre budget, choisissez votre véhicule d’épargne et configurez ce premier virement automatique. C’est le pas le plus important que vous ferez aujourd’hui vers les clés de votre future maison.
Questions fréquentes sur l’épargne pour une mise de fonds au Canada
Qu’est-ce qui constitue une vraie urgence financière?
Une vraie urgence financière est un événement imprévu et nécessaire qui impacte votre sécurité ou votre capacité à gagner un revenu. Les exemples classiques incluent la perte d’emploi, une réparation automobile essentielle pour vous rendre au travail, une urgence médicale non couverte par les assurances, ou une réparation majeure et non-négociable à votre domicile (comme un toit qui fuit ou un système de chauffage défaillant en hiver).
Combien garder dans le fonds d’urgence pendant l’épargne pour la mise de fonds?
Pendant que vous épargnez activement pour votre mise de fonds, visez un fonds d’urgence couvrant au minimum 3 mois de vos dépenses essentielles (logement, transport, nourriture, assurances). Si vous avez des personnes à charge, si votre revenu est variable ou si vous travaillez dans un secteur d’activité jugé instable, il est plus prudent de viser un fonds couvrant 6 mois de dépenses.
Peut-on utiliser le fonds d’urgence pour compléter la mise de fonds?
C’est fortement déconseillé. Le fonds d’urgence est votre filet de sécurité pour les imprévus *après* l’achat. Toucher à ce fonds pour gonfler votre mise de fonds vous laisserait financièrement vulnérable face aux coûts inattendus qui accompagnent une nouvelle propriété (bris d’électroménager, réparations, etc.). La règle d’or est de conserver au moins 3 mois de dépenses en liquidités même après avoir complété votre achat immobilier.